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Le Cri

 

Le Cri

 

          Plus grand que la bouche qui le pousse, il retentit, perce les parois de nos prisons, résonne dans toutes les consciences qui n'en ressortent pas indemnes, mais ébranlées par sa puissance, elles ne peuvent dès lors faire comme si ce dernier n'avait pas fendu l'espace.

          Un cri.

          Un cri dans toute sa démesure.

          Un cri avec l'irréversible de la voix déchirée.

          Un cri avec peut-être un mot articulé et qui pourrait bien être celui du poème de résistance de Paul Éluard : « Et par le pouvoir d’un mot / Je recommence ma vie / Je suis né pour te connaître / Pour te nommer / Liberté. »

          Hurlement à la vie, cri de joie, de liesse, de rage de vivre même, comme une ligne que la volonté prolongerait au-delà de celles de la main, un pied de nez au trépas que cette arabesque souveraine nargue en sillon d’écriture sans ratures.

          Que dans son art de perforer le temps se fasse l’intensité toujours ravivée dans la durée des épreuves comme dans l’éternité de l’instant, la quintessence donc d’une quête organique, impliquant tout le corps qui se redresse pour rester libre et debout.

          Et déjà d’autres cris se joignent en échos, sans que l’on sache quel fut l’initial et quels seront encore les ricochets, tous sont premiers, car tous sont portés par un être singulier qui s’unit aux autres voix pour que sonne aussi la sienne, altière.

          Et de cette multitude, s’élève un chant, une polyphonie, un opéra fabuleux, écrin de musique apollinienne à la démesure dionysiaque, cette force qui soulève chaque éclat, ces mille et une voix, comme autant de merveilles offertes : le cri, les cris, l’écriture enfin d’une mélodie plurielle, à partager entre frères humains…

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