« Que chaque homme crie : il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer. La propreté de l'individu s'affirme après l'état de folie, de folie agressive, complète, d'un monde laissé entre les mains des bandits, qui se déchirent et détruisent les siècles. Sans but ni dessein, sans organisation : la folie indomptable, la décomposition. »
Tristan Tzara, Dada n°3, 1918.
Que le cri dans ses aspects les plus sauvages, les plus violents, retentisse en chaque homme, tel est le vœu de Tristan Tzara au sortir de la grande boucherie que fut la Première Guerre Mondiale.
Plutôt qu’exalter la guerre, faire vibrer le cri, destructeur, fou, mais expression proprement humaine d’une volonté d’exorcisme, d’exutoire.
Réhabiliter la puissance irraisonnée du cri comme langage total de l’individu qui ne s’en laisse plus compter par les embrigadements idéologiques des va-t-en-guerre.
Sublimation de l’animal irrationnel qu’est l’être humain dans le son qui sort de sa bouche, expérience physique d’une énergie non réductible à la raison, quand la raison sert de trépied à l’ignominie barbare.
Peut-être qu’à l’aube de ce nouveau millénaire encore marqué par les guerres absurdes, il faudrait oser l’exercice d’un nouveau manifeste Dada pour solliciter la créativité en nous dans ses vertus cathartiques qui nous rendent meilleurs que nous ne sommes. Alors osons le CRIRE !