Ma rue, extrait 1 : « Dans ma rue, il y a… »
Dans ma rue, des mains s'agitent,
des cris à tue-tête
plantés dans le cœur
en éclats de regard.
Dans ma rue, des paroles s'envolent,
des papillons de nuit
échappés le soir
de désespoir.
Dans ma rue, des rires résonnent,
des poings serrés
enfoncés dans les poches
en nœuds de refus.
Je marche et je pense
aux allées lointaines
des palais surfaits
à ne pas troquer
contre ma rue.
Dans ma rue, des gueules fières
te toisent de leur vindicte
fouillant l'intime
en piège mortel.
Dans ma rue, des bâtisses abandonnées,
des trottoirs déserts
à certaines heures
du jour défait.
Dans ma rue, des galopins courent
à la poursuite des quatre-cents coups
et des étoiles de l'enfance
en pépites brûlantes.
Je marche et je pense
aux vitrines ternes
des surfaces lisses
à ne pas troquer
contre ma rue.
Dans ma rue, des hasards se savourent
comme les perles rares d'un collier
à collectionner en signes
d'une franche amitié.
Dans ma rue, des femmes se promènent
comme des suaves anathèmes
aux courbes balancées
de leurs pas altiers.
Dans ma rue, un destin se devine
quand le soleil descend,
crépuscule d'un monde
et poésie de l'avenir.
Je marche et je pense
aux promesses de ma rue
qui se gardent au fond,
à ne pas, ne pas briser.