Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Intensément, extrait 15, La voix du voyage, tiré de L'esquisse du geste

La voix du voyage

 

Viens, voyage,

explore les voies de traverse,

lignes d’embarquement

destination inconnue,

loin des balisages de l’ordinaire,

ces parcours qu’édictent

les guides du déjà vu,

ignore les.

 

Va,

il n’y a pas d’endroit

identique à un autre,

pas une atmosphère

qui ne puisse te rappeler

l’exception.

 

Pars,

en route sans délais,

partout où les chemins t’appellent,

avec pour tout fardeau

ton désir de partance,

de partage.

 

Et peu importe le moyen,

ne compte que le transport,

la trajectoire qui t’emporte

au-delà du but que tu t’étais assigné,

qui t’entraîne soudain

vers ce que tu cherches

sans carte ni boussole.

 

            Tous les parcours

sont à portée de main,

courses marines,

routes terrestres,

voûtes célestes,

tous les relais

sont propices

à passer le témoin

à l’autre arpenteur,

cet allié

dont tu ignores encore

à peu près tout.

 

Il reste une voie,

une à fréquenter,

à éprouver le terrain,

une voix d’encre,

inscrite dans ces carnets de bord

qui sont autant de pactes

à emboîter le pas.

 

Voix plurielle,

faite de tant d’autres voix,

où s’entremêlent

mélopées d’Orient

ou d’Occident,

senteurs de là-bas

ou d’ici,

sable, bitume, 

et errances sur les dunes.

           

            Polyphonie

où se croisent les coutumes,

s’échangent les traditions,

alliage intime,

accord des différences.

 

            Il n’y a plus de frontières,

tout se noue, se dénoue

dans la naissance

d’une parole salvatrice.

 

Poursuis la voix

proposée

au-delà

des territoires éventés

du connu,

celle qui murmure

sa part de mystère,

défi contre les usages

à laminer l’immensité offerte.

 

Laisse-toi porter

par le filet de mots

que verse le passage ombragé,

énigme posée au voyageur

avide de paysages retirés,

détenteurs d’un continent

inexploré.

 

Ce passage s’ouvre parfois

sous une lumière crue

sans que le simple passant

n’ait su le déchiffrer,

en retenir la leçon,

sans qu’il n’ait réellement emprunté

cette voie pour ce qu’elle est,

un virage débouchant

sur d’autres moments à vivre.

 

Le visage du voyage.

 

À mi-chemin du périple,

à la croisée des diagonales de l’envol

et des droites de la chute,

à la lisière du possible

et de l’inouï,

se révèle la clé

de la pérégrination

sous les traits

d’une apparition.

 

Voyage,

épouse ce corps immense,

à l’épaisseur du roc

et l’élégance du vent,

au goût si savoureux,

le corps entier du monde,

épouse le jusqu’à sa parcelle la plus exiguë,

jusqu’à son hameau le plus reculé,

quand sur l’un de ses multiples rivages,

dans le sillage du bras ou de la main,

tu découvres le visage du voyage entrepris,

avant que ce résumé à lui seul du monde

ne se perde à son tour, dans l’onde.

 

Le silence jusqu’au geste,

le geste jusqu’au voyage,

le voyage jusqu’au…


           https://youtu.be/woWGEZ8o66c

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :