Il tâtonne toujours dans les parages de ces voix disparues. Il désire croiser encore le faire de la poiesis. Le jardin se peuple de créatures. Elles prennent vie, intransigeantes. Affûtées telles des lames, des armes vibrantes pour enfanter le réel sans le blesser. Il les observe assez intrigué : seraient-elles les fragments de miroir de la lutte menée contre la lâcheté quotidienne ou le renoncement contraint ? La grandeur des sculptures, par la verticalité qui est la leur, n'est pas un critère suffisant quand elle rejoint et l'immense, et l'infime. Les corps sont squelettes érigés, puisque la chair est superflue, dans cette vision de chant intense dont il n'est que l'initiateur. L'une d'elles semble l'apostropher. L'autonomie de la création tend à être de plus en plus indépendance. Liberté de ce qui en résulte. C'est un premier pas vers le redéploiement des contours du lieu, une réinvention. Sur l'étendue offerte, cette minceur décharnée devient invective le priant de porter plus haut ses pouvoirs. Elle dicte désormais les mots qu'il vient choisir dans ces lignes témoins, celles salutaires de la lucidité cicatrice solaire.