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L'esquisse du geste, mars 2013

Dans L'esquisse du geste, se déploie du silence un geste qui devient invitation au voyage tandis que les Linéaments de la main plongent dans la terre, se fondent avec les lignes de la nature. Du silence émerge une parole qu’accompagne le geste explorant la beauté du monde, étreinte appelant à la présence de la femme, dont le visage est la clé du voyage entrepris. La main qui a tracé le geste plonge alors dans la terre qui épouse sa propre fibre, racine dont les linéaments sont prolongés en lignes de vie, esquisses de forces s'inclinant vers l'autre...

Extraits

Le geste,

gerçure

du vivant.

Les lèvres

crevassées

par le froid,

la matière

qui se fendille

à la surface

de la terre,

le chant

fissurant

le monde.

Le moment charnière

où tout bascule,

sous la brusque expression

d’un clignement d’œil,

d’un hochement de tête,

d’un sourire soudain

où tout s’avoue sans mot dire,

où le corps entier

semble avoir formulé

ce que la pensée

n’osait croire,

où s’entrevoit

l’ardeur naissante.

Le geste abandonné,

effacé par trop d’automatismes,

qui vident les organes

de leur substance,

qui figent leur vitalité

dans des réflexes mort-nés,

qui tuent la fougue créatrice

des mouvements cadencés

au seul rythme de l’ouvrage désiré.

Ce geste tel un combat

livré par tout l’être

contre l’orchestration du renoncement,

contre le carnage de la mémoire,

contre le saccage de l’adresse

jusque dans la pulpe des actes.

Au corps à corps

avec ce qui se façonne

pour atteindre

le second souffle,

la facture oubliée,

la trouvaille inédite.

À l’écoute

de ce que suggère la gestuelle,

de sa puissance évocatrice,

car ce qui prend forme

donne à sentir

sans s’imposer,

convie

dans son inachèvement

à d’autres croquis.

Ce que dit ce bras

qui retient sur le seuil,

ce que montre ce doigt

tendu vers l’horizon,

ce que cache ce regard

qui se dérobe,

ce qu’il trahit,

ce qu’il révèle,

si fugace

soit le vœu.

Ne saisis pas

l’offrande en papillon

sur un tableau de collecte,

ne retiens jamais sa formule,

guette le geste suivant,

l’ultime,

la nuance

qui l’accompagne.

Mars 2013.

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