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Dans L'esquisse du geste, se déploie du silence un geste qui devient invitation au voyage tandis que les Linéaments de la main plongent dans la terre, se fondent avec les lignes de la nature. Du silence émerge une parole qu’accompagne le geste explorant la beauté du monde, étreinte appelant à la présence de la femme, dont le visage est la clé du voyage entrepris. La main qui a tracé le geste plonge alors dans la terre qui épouse sa propre fibre, racine dont les linéaments sont prolongés en lignes de vie, esquisses de forces s'inclinant vers l'autre...
Extraits
Le geste,
gerçure
du vivant.
Les lèvres
crevassées
par le froid,
la matière
qui se fendille
à la surface
de la terre,
le chant
fissurant
le monde.
Le moment charnière
où tout bascule,
sous la brusque expression
d’un clignement d’œil,
d’un hochement de tête,
d’un sourire soudain
où tout s’avoue sans mot dire,
où le corps entier
semble avoir formulé
ce que la pensée
n’osait croire,
où s’entrevoit
l’ardeur naissante.
Le geste abandonné,
effacé par trop d’automatismes,
qui vident les organes
de leur substance,
qui figent leur vitalité
dans des réflexes mort-nés,
qui tuent la fougue créatrice
des mouvements cadencés
au seul rythme de l’ouvrage désiré.
Ce geste tel un combat
livré par tout l’être
contre l’orchestration du renoncement,
contre le carnage de la mémoire,
contre le saccage de l’adresse
jusque dans la pulpe des actes.
Au corps à corps
avec ce qui se façonne
pour atteindre
le second souffle,
la facture oubliée,
la trouvaille inédite.
À l’écoute
de ce que suggère la gestuelle,
de sa puissance évocatrice,
car ce qui prend forme
donne à sentir
sans s’imposer,
convie
dans son inachèvement
à d’autres croquis.
Ce que dit ce bras
qui retient sur le seuil,
ce que montre ce doigt
tendu vers l’horizon,
ce que cache ce regard
qui se dérobe,
ce qu’il trahit,
ce qu’il révèle,
si fugace
soit le vœu.
Ne saisis pas
l’offrande en papillon
sur un tableau de collecte,
ne retiens jamais sa formule,
guette le geste suivant,
l’ultime,
la nuance
qui l’accompagne.
Mars 2013.